Gestion et valorisation de la carotte sauvage commune en France (CAROTA)

Ce projet vise à mieux comprendre et préserver la diversité des carottes, en particulier leurs variétés sauvages, qui constituent un patrimoine génétique essentiel pour l’avenir de l’agriculture. En France, les apparentées sauvages de la carotte, notamment le taxon var carota, sont peu connues bien qu’elles représentent un réservoir précieux de gènes pouvant être utilisés pour améliorer la culture de la carotte et répondre aux défis actuels, notamment face aux changements climatiques.

Les carottes sauvages sont souvent perçues comme de simples adventices, mais elles sont en réalité un patrimoine génétique vital, à la fois pour l’histoire évolutive de l’espèce et pour la sélection de nouvelles variétés résistantes aux stress abiotiques, tels que la chaleur, la sécheresse et les maladies. Ce projet a pour objectif de mettre en lumière cette richesse encore sous-exploitée et de l’intégrer dans des stratégies de conservation et d’amélioration des cultures.

Objectifs du projet

1. Enrichir la connaissance et la diversité des variétés sauvages
   À court terme, l’objectif principal est de compléter l’inventaire des populations de carottes sauvages sur le territoire français. Cette collecte vise à représenter la diversité génétique des carottes sauvages en France et à la caractériser par des observations morphologiques, génétiques, et des tests de résistance aux conditions environnementales extrêmes, comme la chaleur et la sécheresse.
2. Assurer une conservation durable : ex situ et in situ
   À moyen terme, ce projet s’engage dans la conservation ex situ, c’est-à-dire en dehors de leur milieu naturel, en créant une « core-collection » de carottes sauvages (var carota), tout en cherchant à préserver certaines populations in situ, directement dans leurs environnements naturels. Cette approche vise à maintenir une conservation dynamique, permettant de protéger les plantes tout en favorisant leur adaptation aux évolutions de leur milieu.
3. Valoriser les ressources génétique pour l’agriculture de demain
   À long terme, le projet prévoit de valoriser les ressources génétiques des carottes sauvages pour l’amélioration de la carotte cultivée. Les carottes sauvages, souvent négligées, peuvent apporter des gènes précieux pour la sélection de variétés plus résistantes et mieux adaptées aux conditions climatiques extrêmes, comme celles générées par le changement climatique. Cette démarche permettra de faire reconnaître l’importance de ces plantes sauvages, qui sont trop souvent considérées à tort comme des mauvaises herbes.

Préserver les carottes sauvages pour un avenir résilient

En préservant et en valorisant les carottes sauvages et leurs apparentées, ce projet cherche à non seulement enrichir notre connaissance de cette espèce, mais aussi à contribuer à l’amélioration génétique des cultures de carottes pour répondre aux enjeux futurs. Les résultats permettront de garantir la diversité génétique nécessaire pour développer des variétés de carottes plus robustes, mieux adaptées aux défis du changement climatique, et de faire évoluer la perception des carottes sauvages, en les reconnaissant pour leur potentiel d’amélioration dans l’agriculture.

Avancées du projet

En 2023, grâce à des partenariats avec des Conservatoires Botaniques Nationaux (CBN), des botanistes et les partenaires privés, 8 nouvelles populations de carottes sauvages sont venues compléter la collection du CRB Carotte de l’IRHS composée précédemment de 118 populations sauvages. L’objectif étant de compléter la représentativité géographique de certaines régions françaises. En 2024, 9 populations ont été multipliées pour garantir leur pérennité à long terme.

Un travail d’observation approfondie a également été mené sur 60 populations de carottes sauvages choisies selon leur distribution écogéographique afin de mieux comprendre leur adaptation aux différents types de sols et de climats. Les résultats montrent une grande diversité de formes et de caractéristiques, qui varient en fonction des lieux de collecte des carottes sauvages.

Étude de la résistance à la chaleur

Une partie importante du projet se concentre sur l’étude de la résistance des carottes sauvages face à des températures élevées. Ce travail est particulièrement pertinent dans le contexte actuel de changement climatique. L’objectif est de mieux comprendre comment ces carottes sauvages réagissent à la chaleur, et ainsi identifier celles qui sont les plus tolérantes aux températures extrêmes.

Pour cela, 71 populations de carotte sauvage ont été exposées à des chocs de chaleur (35°C) afin d’évaluer leur capacité à survivre et à se développer dans des conditions plus chaudes. Ce test permet de repérer les populations les plus robustes, qui pourraient ensuite être utilisées en amélioration variétale pour obtenir des variétés plus adaptées à des pics de température.

Les premiers résultats permettent de mieux comprendre comment la chaleur affecte la croissance des carottes sauvages, leur production de graines, et leur résistance globale (O. Posylaieva, et al., Acta Hortic. 1393, 297-304 https://doi.org/10.17660/ActaHortic.2024.1393.38).

Perspectives du projet

L’ensemble des résultats de germination doit encore être analysé pour mieux comprendre les facteurs de tolérance aux hautes températures notamment en fonction de l’origine géographique des accessions. Il sera important d’étudier l’impact des conditions de récolte, notamment le type de sol et le climat, sur la capacité des carottes sauvages à résister à des températures élevées. Des caractérisations morphologiques ainsi que la conduite de tests de tolérance aux maladies vont être réalisées. À partir de ces résultats, les populations les plus prometteuses pourront être utilisées dans des programmes de sélection pour développer des variétés de carottes plus adaptées aux nouvelles conditions de culture.